Histoires de laine, épisode 1 : les Apéros Tricot

Beaucoup de rires et de discussions, voilà ce qu’on peut entendre tous les premiers mardis du mois au Taille Crayon à Villeurbanne. Rien d’inhabituel pour un bar, mais c’est en entrant que l’inattendu se dévoile. Une trentaine de personnes, majoritairement des femmes, tricot ou crochet à la main.

Dès 18 h 30 ces femmes s’installent, discutent et sortent leurs laines : ce sont les « Apéros Tricot ». Ces rendez-vous sont prisés, les participantes s’inscrivent sur la page Instagram dédiée et certaines doivent patienter sur la liste d’attente pour avoir une place.

Les âges sont divers, loin de l’image du passe-temps de retraité. Beaucoup travaillent, ces soirs-là sont leurs pauses : « J’ai deux enfants, ils savent que le mardi c’est mon soir à moi, soit c’est yoga, soit c’est tricot. C’est mon moment pour respirer » raconte Caroline.

Jeanne, fondatrice des apéros tricot

À la même table, Anne montre un autre avantage « je rencontre des nouvelles personnes, grâce à elles, je découvre de nouveaux modèles et de nouvelle idées de projet ». Bienveillance et entraide sont de mise : Mélina, à la table d’à côté, raconte « Je suis prof alors ça fait du bien d’apprendre des autres, ça me sort de mon rôle. »

Les différentes tricoteuses développent sur la perception de ce loisir par leurs proches : « C’est vu comme un truc de mamie ». Alors pour toutes ce lieu est important, « Ici, on parle toute la même langue » lance une tricoteuse assise en face. La discussion reprend, elles y évoquent l’importance d’être comprises, ce que les apéros tricot leur offre.

Ces passe-temps sont quotidiens : Mélina crochète tous les soirs, « C’est dans ma routine » précise t’elle. Beaucoup ont leur projet dans leur sac toute la journée pour le sortir dans les transports en commun ou dans une salle d’attente. Toutes racontent la détente que leur procurent ces moments : « Ça me permet de débrancher le cerveau » indique Caroline.

Durant la soirée, elles évoquent les textures des laines, la concentration demandée, le choix des projets, et enfin le travail accompli. Pour toutes créer est important : « Je ne me suis jamais considérée comme créative, je suis plus sportive. Le tricot ça me permet de voir que je sais faire quelque chose de mes mains » raconte Caroline. 

Beaucoup font le même récit au cours de la soirée, elles parlent aussi de la fierté de voir un projet terminé. Certains sont pour offrir, c’est ce qu’Emily fait le plus souvent, mais d’autres sont pour soi. Quelques créations seront portées ce soir-là, lors d’un défilé, pour faire honneur à ces heures de travail.

Au fil des heures, les verres se vident, certaines partent, d’autres commandent à manger, mais pas question d’arrêter ni de tricoter ni de papoter. L’ambiance reste dans la nuit, parfois jusqu’à 23 heures. Ensuite, il faut finir son rang, rabattre ses mailles et rentrer chez soi. Puis reprendre tout ça le mois suivant.

Cassandre HUREL

Merci aux tricoteuses d’avoir accepté d’être photographiées, et interviewées. 

Photo par @clem_dm21 sur instagram

Cet article a 2 commentaires

  1. Brigitte Exertier

    Bravo !! Au fil du récit , on imagine les mailles s’enchaîner, le tricot se monter et les confidences se faire .

  2. Dominique

    Joli petit reportage qui met bien en valeur le travail et surtout le plaisir de ces tricoteuses. Ce taille crayon bénéficie en plus de la jolie plume de Cassandre.

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